A notre époque, la planète photo ne voit que par le selfie, symbole du narcissisme qui envahit les réseaux sociaux.
A notre époque où paradoxalement, il devient de plus en plus difficile de s’adonner au plaisir de la street photographie devant la peur des gens photographiés de se retrouver sur ces mêmes réseaux sociaux, j’ai décidé de rester chez moi pour mettre en scène ces fruits sur un coin de table, à la lumière tamisée d’une fenêtre.
Ils nous sont si familiers que nous ne les regardons plus. Leur rondeur, leur couleur, leur texture disent pourtant quelque chose de nous.
Il y a de l'harmonie dans les formes d'une pomme, les nuances d'une peau de pêche, le brillant des cerises mûres...
Il y a une promesse de bonheur dans l'éclat d'un fruit épanoui.
Il y a une fragilité touchante dans son flétrissement.
A une autre époque on aurait appelé cela des natures mortes. Mais moi je préfère dire ‘’portrait’’.
Chacun d'entre eux exprime la plénitude, la prospérité, ou le passage du temps, l'abandon. Ou plus simplement évoque un verger venté, une cuisine où l'on s'affaire, une assiette appétissante à l'heure attendue du dessert.
De prestigieux prédécesseurs m'ont inspiré. Ainsi, à une autre époque, Arcimboldo peignait ‘’Les saisons’’, des portraits faits de fruits et végétaux.
Sur une assiette bien ronde en porcelaine réelle
une pomme pose
Face à face avec elle
un peintre de la réalité
essaie vainement de peindre
la pomme telle qu'elle est…..
(extrait de ‘’Promenade de Picasso’’, Jacques Prévert)