Chaque année, lors de la Semaine Sainte, toute l'Espagne vit au rythme des processions religieuses et des célébrations. Craignant que l'afflux touristique à Séville fasse un peu perdre d’authenticité à ces fêtes pascales, j'ai préféré me rendre dans le nord-ouest de l'Espagne pour découvrir cette manifestation à la fois spirituelle, sociale et culturelle. Tous les jours de la semaine, les rues d'Avila, Valladolid et Salamanca se remplissent d'une foule venue se recueillir ou simplement admirer le passage d'imposants cortèges, qui se succèdent, se croisent ou convergent vers la place principale ou vers une église. Les processions se déroulent dans la journée ou le soir, voire en pleine nuit, parfois dans le silence le plus total, rendant l’atmosphère pesante, même un peu oppressante pour le profane. A côté de femmes vêtues de noir et coiffées de peignes et de mantilles, parfois accompagnés d'enfants, les pénitents portent des tuniques et des cagoules de couleurs distinctes selon leur confréries. Il est très difficile de pouvoir capter le regard de ces nazaréens au travers de leurs capirotes, ce qui accentue leur côté mystérieux. Ils entourent ou portent des pasos, chars richement ornés de dorures, bougies et fleurs, surplombés par des effigies religieuses relatant des épisodes de la Passion, dont certaines magnifiques œuvres baroques. L'aspect spectaculaire qui s'en dégage s'explique par le nombre impressionnant des participants que j'ai voulu restituer par des surimpressions moteur multiples à la prise de vue (4 à 8 images). Mes clichés "vibrés" reflètent l'équilibre instable et le déplacement incessant de ces pasos, leurs oscillations à chaque remplacement de porteurs et celles liées à la configuration parfois tortueuse de leurs parcours. Les lourds chars vacillent, mais les statues doivent rester intactes. Ma vibration traduit aussi la ferveur nettement perceptible, les sonorités tremblantes des fanfares jouant des marches funèbres ou celles d'une émouvante saeta, chant a capella surgissant d'un balcon et rompant le silence.